(Mode texte/image)
Titre long : Essais de Messire Michel seigneur de Montaigne, chevalier de l'ordre du Roy, & Gentil-homme ordinaire de sa Chambre.
Livre second.
Adresse typographique : A Bourdeaus Par S. Millanges Imprimeur ordinaire du Roy. M.D.LXXX. Avec privilege du Roy.
Auteur : Montaigne (Michel de)
Auteur secondaire : La Boétie (Étienne de)
Lieu d'impression : Bordeaux
Libraire : Millanges (Simon)
Imprimeur : Millanges (Simon)
Format : 8°
Collation : [2] f., 650, [3] p.
Domaine(s) : Littérature | Genre : Essais
Langue(s) : Français, Italien, Latin, Grec.
Localisation : Musée de Sologne, Fonds Emile Martin, Romorantin, France |
Cote : Brom_01
État physique : Exemplaire lavé ; traces d’ex-libris manuscrit.
Reliure : Maroquin rouge ; encadrement de filets à la Dusseuil, tr. d. (Durn).
Provenance : Legs d'Emile Martin en 1894.
Note(s) : La toute première édition des Essais de Montaigne a été publiée en 1580 à Bordeaux chez Simon Millanges : la présente édition numérique a été réalisée d’après l’exemplaire du second état de la page de titre, conservé au Musée de Sologne de Romorantin (Fonds Émile Martin, Brom-1 et Brom-2), à partir d’une transcription « fac-similaire ». Elle a été corrigée et balisée à l’aide de deux autres exemplaires de 1580 et de l’édition publiée chez Millanges en 1582. Ces modifications ont été encodées en XML/TEI avec indication de la source, en info-bulle (corrections) ou dans la marge (variantes), à partir de l’exemplaire de 1580 dit « Lalanne » de la Bibliothèque Mériadeck de Bordeaux (S 4754 Rés. C, noté LAL, voir l’introduction à l’édition), des exemplaires des universités de Yale (éd. D. Martin) et de Chicago (Montaigne Project), qui présentent des leçons parfois différentes. L’édition de 1582 (notée E82) a servi à corriger et à intégrer les additions (marquées par un losange et en orange), à partir des exemplaires de Chicago (éd. P. Desan) et de Bordeaux (exemplaire présentant des corrections manuscrites d'époque). Les erreurs et coquilles persistantes ont été corrigées avec les éditions ultérieures de 1588 (Bordeaux) et de 1595 (Cambridge et Bordeaux), notées respectivement E88 et E95.
Marie-Luce Demonet et Alain Legros, 19 avril 2016
Composition du recueil :
Pièce 1. Essais. Livre premier, Bordeaux, 1580.
Pièce 2. Essais. Livre second, Bordeaux, 1580.
Numérisation(s) : BVH - Musée de Sologne Romorantin (Brom_01)
Bibliographie :
-
Site Montaigne à l’OEuvre
-
Montaigne (M. de),
Essais,
Bordeaux,
1580,
Bibliothèque municipale de Bordeaux,
BVH (S 4754 Rés.coffre (1))
-
Montaigne (M. de),
Essais,
Bordeaux,
1580,
Chicago University Library,
Chicago (PQ1641.A1 1580)
-
Montaigne (M. de),
Essais,
Bordeaux,
1580,
Yale University Library,
Hfb18 6m.
-
Montaigne (M. de),
Essais,
Bordeaux,
1582,
Bibliothèque municipale de Bordeaux,
BVH (PF 6927 Rés.coffre)
-
Montaigne (M. de),
Essais,
Paris,
1588,
Bibliothèque nationale de Belgique,
FS_IX_80_A.
-
Montaigne (M. de),
Essais,
Paris,
1588,
Bibliothèque municipale de Bordeaux,
BVH (D 11632 Rés.coffre)
-
Montaigne (M. de),
Essais,
Bordeaux,
1588,
Bibliothèque municipale de Bordeaux,
S 1238 Rés.coffre.
-
Montaigne (M. de),
Essais,
Paris,
1595,
Cambridge University Library,
BVH (Montaigne_Essais1595)
-
Sayce (R. A.) et Maskell (D.),
A Descriptive Bibliography of Montaigne's Essais 1580-1700,
Londres,
1983,
n° 1.
-
Desgraves (L.),
Bibliographie des ouvrages imprimés par Simon Milanges de 1572 a 1623,
Bordeaux,
1951,
n° 36.
-
Desgraves (L.),
Bibliographie bordelaise : bibliographie des ouvrages imprimés à Bordeaux au XVIe siècle et par Simon Millanges (1572-1623),
Baden-Baden,
1971,
"Millanges",
n° 51.
-
Michel de Montaigne et son temps. Collection Francis Pottiée-Sperry (vente Sotheby's,27 novembre 2003),
Paris,
2003,
n° 2.
-
Desan (Ph.),
"Edition de 1580", Dictionnaire de Michel de Montaigne,
Paris,
2004,
p. 297-300 ;
2007,
p. 343-346.
-
Legros (A.),
« Petit eB deviendra grand… : Montaigne correcteur de l’exemplaire Lalanne », Montaigne Studies,
vol. XIV,
2002,
p. 179-210.
Corpus : Epistemon / Montaigne
Responsable BVH CESR, Relecture, Éditeur scientifique : Marie-Luce Demonet (2015)
Relecture, Éditeur scientifique : Alain Legros (2015)
Transcription : Prestataire (2010)
Relecture de la transcription : Prestataire (2015)
Encodage : Myriam Olivier (2014)
Contrôle de l'encodage : Lauranne Bertrand (2015)
Contrôle de l'encodage : Mathieu Duboc (2015)
Révision de la notice : Toshinori Uetani (2015)
Normes éditoriales :
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Non dissimilé
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- Informations éditoriales : Les corrections sont encodées et les sources sont affichées en infobulle au survol de la souris.
Légende des différentes leçons :
LAL : Montaigne, Essais, Bordeaux, 1580, Bibliothèque municipale de Bordeaux, (S4754 Rés.coffre (1)), exemplaire ayant appartenu à Emile Lalanne.
Yale : Montaigne, Essais, Bordeaux, 1580, Yale University Library, (Hfb18 6m).
Chicago : Montaigne, Essais, Bordeaux, 1580, Chicago University Library, Chicago (PQ1641.A1 1580).
E82 : Montaigne, Essais, Bordeaux, 1582, Bibliothèque municipale de Bordeaux, (PF 6927 Rés.coffre).
E88 : Montaigne, Essais, Paris, 1588, Bibliothèque municipale de Bordeaux, (D 11632 Rés.coffre).
EB : Montaigne, Essais, Bordeaux, 1588, Bibliothèque municipale de Bordeaux, (S 1238 Rés.coffre).
E95 : Montaigne, Essais, Paris, 1595, Cambridge University Library, (Montaigne_Essais1595).
Un losange signifie l'absence de caractère ou de mot dans la leçon concernée.
Variantes présentes dans le texte
Page Référence Autres leçons 2 c’est vn mauuais conseil, qui ne se peut
changer (E82) 10 a et (LAL) 11 vn (E82) 16 , Et : & (E82) 18 aptes aspres (LAL) 19 comme (E82) 21 ne (E82) 36 IJ’y Ie (LAL) 40 & (E82) 46 Celuy Cestuy (LAL) Cetuy (E82) 50 m’enportoint m’en portoint (E82) 51 come quei ch’or apre or chiude Gli occhi, mezzo tra’l sonno e l’esser desto (E82) 53 et (LAL) , & (E82) 53 oye öuye (LAL) 62 & , (E82) 72 ce ceste (LAL) 75 , d’autant que les courages s’en amollissent & diuertissent.
Ma hor congiunto a giouinetta sposa Lieto homai de’figli era inuilito Negli effetti di padre & di marito. (E82) 75 : il en . Il lui en (E82) 84 selon les lois (LAL) selon les loix (E82) 84 selō les lois (LAL) 84 les des (E82) 92 la commodité l’incommodité (E82) 93 rage race (E82) 94 . & (Yale) 94 , ou autrement (E82) 94 : & comme si nous n’auions pas pareille obligation a deffendre nos armes, comme elles ont a nous deffendre. Et a presant que nos mosquetaires (E82) 97 reialissoint reiaillissoient (E95) 97 a un un (E82) 101 mes (E82) 105 ? , ô seclum insipiens et infacetum. (E82) 111 ce
109112
ESSAIS DE M. DE MONT.
que nous disons, sursum corda, a la nostre (E82) 112 voulōtiers volontiers (E82) 115 iambes ïambes (LAL) 118 en a la (E82) 122 l’Idée Idée (E82) 140 l’action. Et l’action, Et (E82) 140 predomine. Si predomine : si (E82) 145 Ie me rencontray un iour a Rome sur le point qu’on défaisoit Catena, vn vouleur fameux: on l’estrangla sans aucune émotion de l’assistance, mais quand on vint a le mettre a quartiers, le bourreau ne donnoit coup, que le peuple ne suiuit d’vne vois pleintiue, & d’vne exclamation, comme si chácun eut presté son sentiment a ceste charongne. (E82) 152 contrerooller contreroller (E82) 155 auōs sçauons (E82) 155 de
plus certain (LAL) 155 ie ne scay quelle pre-
somption, (LAL) 161 Il se remuent. ilz se remuent. (LAL) ils se remuent? (E82) 174 Toutesfois aucuns se sont vantez de les entendre, comme Apollonius Thyaneus & autres. (E82) 175 E’l silentio ancor suole Hauer prieghi & parole. (E82) 176 arondes arondeles (E82) 178 nues nuées (E82) 178 son leur (E82) 183 Cosi per entro loro schiera bruna S’ammusa l’vna con l’altra formica Forse a spiar lor via, & lor fortuna Il me semble que lactance attribue aux bestes, non le parler seulement, mais le rire encore. (E82) 183 reioindre ioindre (E82) 184 y (E82) 184 y (E82) 185 desre-
gléemētdesre-
gléement reglément (E88) 192 aux (E82) 194 apres (E82) 206 arondes arondeles (E82) 208 Et reiettent comme nuisibles ces monuemans indiscrets & insolans, que les femmes y ont meslé de leur creu, les ramenant a l’exemple & vsage des bestes de leur sexe plus modeste & rassis.
Nam mulier prohibet se concipere atque repugnat,
Clunibus ipsa viri venerem si laeta retractet
Atque exossato ciet omni pectore fluctus.
Eijcit enim sulci recta regione viáque
Vomerem, atque locis auertit seminis ictum. (E82) 217 Les ames des Empereurs & des sauatiers sont iettées a mesme moule. Considerant l’importance des actions des princes & leur pois, nous nous persuadons qu’elles soient produites, par quelques causes aussi poisantes & importantes. Nous nous trompons: ils sont poussez & retirez en leurs mouuemans, par les mesmes ressors, que nous sommes aux nostres. La mesme raison qui nous faict tanser auec vn voisin, dresse entre les Princes vne guerre: la mesme raison, qui nous faict foiter vn lacquay, tumbant en vn Roy, luy faict ruiner vne nation entiere. Pareils appetits agitent vn ciron & vn elephant. (E82) 229 le (E82) 235 : . Nec veneres nostras hoc fallit, quo magis ipsae
Omnia summopere hos vitae post scenia celant
Quos retinere volunt adstrictoque esse in amore. (E82) 242 Deus ille fuit deus, inclute Memmi,
Qui princeps vitae rationem inuenis eam, quae
Nunc appellatur sapientia, quique per artem
Fluctibus è tantis vitam tantisque tenebris,
In tam tranquillo & tam clara luce locauit.
Voyla des parolles tresmagnifiques & belles: mais vn bien legier accidant mist l’entendemant de cetuy-cy en pire estat, que celuy du moindre bergier nonobstant ce Dieu praecepteur & cette diuine sapience. (E82) 246 Les
hōmes engagés au seruice des Muses m’ē
sçauroient bien que dire. (E82) 246 comme elle lasse aussi & trouble ordinairement soy mesmes. Qui la desment?
qui la iette plus coutumieremant a la manie que sa promptitude? sa pointe? son agilité?
& en fin sa force propre? Aux actions des hommes insanses nous voyons combien
propremant s’auient la folie auecq les
plus vigoureuses operations de nostre ame. Outre
cela qui ne sçait combien est imperceptible le voisinage d’entre la folie auecq les
gaillardes eleuations d’vne ame libre, & les effectz d’vne vertu supreme &
extraordinaire? Platon dict les melancholiques plus disciplinables & excellans: aussi
n’en est il point qui aient tant de propencion a la folie. Infinis espris se treuuent ruines
par leur propre force & soupplesse. Quel saut vient de prendre de sa propre agitation &
allegresse le plus iudicieux, le plus delicat, le plus formé a l’air de ceste bien antique,
naïfue & pure poisie, qu’autre poëte Italien aie iamais esté? N’a il pas dequoy sçauoir
gré a ceste sienne viuacité meurtriere? a ceste
clarté qui la aueuglé ? a ceste
exacte, & tendue apprehencion de la raison, qui l’a mis sans raison? a la curieuse
& labourieuse queste des sciences qui la conduit a la bestise? a ceste rare
aptitude aux exercices de l’ame, qui la randu sans exercice & sans ame?
I’euz plus de despit encore que de compassion de le voir a Ferrare en si piteux estat
suruiuant a soy-mesmes, mesconnoissant & soy & ses ouurages, lesquels sans son sceu,
& toutesfois a sa veuë on a mis en lumiere incorrigés & informes. Voulez vous vn
homme sain, le voulez vous reglé & en ferme & sure posture, affublez le de tenebres
d’oisiueté & de pesanteur. (E82) 246 céte la (E82) 246 plus (E82) 246 plus (E82) 248 & (E82) 253 se s’en (E82) 257 ce
cité aueuglemant (E82) 258 a baisser abaisser (E82) à baisser (E88) 259 a (E82) 269 chasse. L’estude chasse, l’estude (E82) 270 celuy l’aultre (LAL) 279 comme (E82) 284 quel est l’vniuersel qu’elle est l’vniuersel (LAL) pas qu’elle est vniuerselle (E82) pas quelle est l’vniuerselle (E95) 284 a (E82) 285 la vaine l’ (LAL) 285 celuy cy cetuy-cy (E82) 286 entre-
cuiderons entre-prendroms (LAL) 292 plātesplantes planetes (LAL) planettes (E82) 301 philosophie physique (E82) 317 & ne se voit point d’ (LAL) & ne se voit point d’ (E82) 318 plus (LAL) 321 en (LAL) 325 Tenez vous dans la route commune, il ne faict mie bon estre si subtil & si fin. Souuienne vous de ce que dict le prouerbe Thoscan, Che troppo s’assostiglia si scauezza. (E82) 327 On la bride & garrote de religions, de loix, de coustumes, de sciance, de preceptes, de peines, & recompanses mortelles & immortelles: encores voit on que par sa volubilité & sa desbauche, il eschappe a toutes ces liaisons. C’est vn corps vain qui n’a par ou estre saisi & assené, vn corps monstrueux, diuers & difforme, auquel on ne peut assoir neud ny prise. (E82) 327 parmy en (E82) 327 donq (E82) 341 vne dureté vn cor (E82) 341 Il se faict mille agitations contre moy, sans le congé du iugement, tantost l’humeur melancholique me sesit, tantost la cholerique: & de son authorité priuée acet heure le chagrin predomine en moy, acet heure l’alegresse. (E82) 343 en enuers (E82) 346 Ainsi me suis ie, par la grace de Dieu, conserué pur & entier, sans agitation & troubles de conscience, aux anciennes creances de nostre religion, au trauers de tant de sectes & de diuisions, que nostre siecle a produites. (E82) 346 persuadēt tentent (E82) 346 quoy qu’ilz maintiennent des propositiōs
contraires quoy qu’ils se contrarient (E82) 347 e (LAL) en (E82) 349 Il ne faut pas croire a chacun, dict le precepte, par ce que chacun peut dire toutes choses. (E82) 351 Aristote dict, que toutes les opinions humaines, ont este par le passé, & seront a l’aduenir infinies autres-fois: Platon, qu’elles ont a renouueller & reuenir en estre apres trente six mill’ans. Si nature enserre dans les termes de son progrés ordinaire, comme toutes autres choses, aussi les creances, les iugemens, & opinions des hommes, si elles ont leur reuolution, leur saison, leur naissance, leur mort, comme les chous: si le ciel les agite, & les roule a sa poste, quelle magistrale authorité & permanante, leur allons nous attribuant? (E82) 353 biēbien, estre bien estre, (E82) 358 des de (E82) 361 licence liberté (LAL) 362 le (E82) 366 en y (E82) 371 adire à dire (E88) 373 l’absence le defaut (E82) 380 largeur grosseur (E82) 380 a en (LAL) 387 musc musque (E95) 397 & est (E82) 399 se (E82) 405 point (E82) 410 la (E82) 411 c’est ce qui nous donne la pointe ce qui donne pointe (E82) 411 Elle est bien plus sucrée quand elle cuit, & quand elle escorche. (E82) 411 qu’elle ne luy en fit porter les merques qu’elle ne luy fit porter les merques de ses morsures (E82) 412 Et en la vertu mesme,
pourquoy tenōs nous que de deux pareil-
les intentions celle la soit plus noble, ou il
y a plus de hazard proposé (E82) 412 La rigueur des maistresses est enuuieuse, mais l’aisance & la facilité l’est, a dire verité, encores plus. D’autant que le mescontentement & la cholere naissent de l’estimation, en quoy nous auons la chose desirée: éguisent l’amour, le picquent & le rechauffent: mais la satieté engendre le dégoust: c’est une passion mousse, hebetée, lasse, & endormie. Pourquoy a lon voilé iusques au dessous des talons ces beautez, que chacun desire monstrer, que chacun desire voir? Pourquoy couurent elles de tant d’empeschemans les vns sur les autres, les parties, ou loge principallement nostre desir & le leur? Et a quoy seruent ces gros bastions, dequoy les nostres viennent d’armer leurs flancs, qu’a lurrer nostre appetit par la difficulté, & nous attirer a elles en nous en esloignant?
Et fugit ad salices, & se cupit ante videri.
A quoy sert l’art de ceste honte virginalle? ceste froideur rassise? ceste contenance pleine de seuerité? ceste profession d’ignorance des choses, qu’elles sçauent mille fois mieux que nous qui les en instruisons, qu’a nous accroistre le desir de vaincre, gourmander, & fouler a nostre appetit toute cete cerimonie, & tous ces respects? Car il y a non seulement du plaisir, mais de la gloire encore, d’affolir & desbaucher ceste molle douceur & ceste pudeur enfantine, & de ranger a la mercy de nostre ardeur vne seuerité fiere & magistrale? C’est gloire (disent ils) de triompher de la rigueur, de la modestie, de la chasteté, & de la temperance: & qui desconseille aux Dames, ces parties la, il les trahit & soy-mesme. Il faut croire que le coeur leur fremit d’effroy, que le son de nos motz blesse la pureté de leurs oreilles, qu’elles nous en haissent mortellemant, & s’accordent a nostre importunité d’vne force forcée. La beauté, toute puissante qu’elle est, n’a pas dequoy se faire sauourer & gouter, sans ceste entremise. Voyez en Italie, ou il y a plus de beaute a vandre, & de la plus parfaite qu’en nulle autre nation, commant il faut qu’elle cherche d’autres moyens estrangiers, & d’autres ars pour se randre agreable: & si a la verité, quoy qu’elle face, estant venale & publique, elle demeure foible & languissante. Tout ainsi que mesme a vertu de deux effaicts pareils nous tenons ce neautmoins celuy le plus beau & plus digne, auquel il y a plus d’empeschemant & de hazard proposé.
C’est vn effect de la prouidance diuine de permettre sa saincte Eglise estre agitée, comme nous la voyons de tant de troubles & d’orages, pour esueiller par ce contraste les ames pies & les rauoir de loysiueté & du sommeil, ou les auoit plongez vne si longue tranquillité. Si nous contrepoisons la perte que nous auons faicte par le nombre de ceux qui se sont desuoyez, au gain qui nous vient pour nous estre remis en haleine, resuscité nostre zele & nos forces a l’occasion de ce combat, ie ne sçay si l’vtilité ne surmonte point le dommage. (E82) 415 si (E82) 418 le au (E82)
la (E82) 424 En celles la combien auons nous de gouiats, compaignons de nostre gloire? celuy qui se tient ferme dans vne tranchée descouuerte, que faict il en cela que ne facent deuant luy cinquante pauures pioniers qui luy ouurent le pas, & le couurent de leurs corps, pour cinq sous de paye par iour. (E82) 431 ny de nous donner ceste excuse en payement de leur refus: (E82) 440 faire valoir employer (E82) 441 doux facile (E82) 441 sec aspre (E82) 441 aequable, (E82) 441 pourtant (E82) 441 Ie suys vne forme de dire populaire & Ie suis la forme de dire,
qui est née auecques moy, (E82) 442 & naifue (E82) 442 Ie
ne sçay parler que la langue Françoise, en-
cores est elle alterée Mon langage
François est alteré (E82) 443 bien (E82) 443 bien (E82) 445 (ie puis aysemēt me mes-
conter aux noms, mais non pas en la sub-
stance) (E82) 450 mieux (E82) 453 Appollonius disoit que c’estoit aux serfs de mantir, & aux libres de dire verité. (E82) 453 conseilz vrayes intantions (E82) 455 Ce que ie sans en la memoire, ie le sans en plusieurs autres parties. Ie fuis le commandement, l’obligation, & la contrainte. Ce que ie fais ayséement & naturellement, si ie m’ordonne de le faire par vne expresse & prescrite ordonnance, ie ne le sçay plus faire. Au corps mesme les membres qui ont quelque liberté & iurisdiction plus particuliere sur eux, me refusent leur obeissance quand ie les destine & attache a certain point & heure de seruice necessaire. Ceste preordonnance contrainte & tyrannique les rebute : ils se croupissent d’effroy ou de despit, & se transissent. Cest effaict est plus apparent en ceux qui ont l’imagination plus vehemante & puissante: mais il est pourtant naturel & n’est nul qui ne s’en ressante aucunemant. On offroit a vn excellant archier condamné a la mort, de luy sauuer la vie s’il vouloit faire voir quelque notable preuue de son art : il refusa de s’en essayer, craignant que la trop grande contention de sa volonté luy fit fouruoier la main, & qu’au lieu de sauuer sa vie il perdit encore la reputation qu’il auoit acquise en son art. Vn homme qui panse ailleurs ne faudra point a un pousse pres de refaire tousiours vn mesme nombre & mesure de pas au lieu ou il se promene: mais s’il y est auec attantion de les mesurer & conter, il trouuera que ce qu’il faisoit par nature & par hazard, il ne le faira pas si exactemant par dessein. (E82) 455 Car de noms il
m’est impossible d’en retenir. Car il m’est tres-malaisé de retenir des noms. (E82) 455 Il m’est aduenu plus d’vne fois d’oblier le mot que i’auois donné ou reçu d’vn autre. (E82) 459 & fay grand doubte, quand i’auroy
vn cheual & son equipage, que i’eusse
l’entendement de l’accommoder pour
m’en seruir (E82) 461 Ne si ne no nel cor
mi suona intero, (E82) 467 au publicq,
qu’ilz ont en charge (E82) 467 Nemo in sese
tentat descendere. (E82) 468 quelle qu’elle soit en moy (E82) 469 Car d’in
uenter vn suiect faux, il n’est pas en ma puis
sance. Car ie n’ayme point a inuenter vn subiect faux. (E82) 470 ou vne en tel degré d’excellance, (E82) 470 con-
noissons honorons (E82) 471 nous (E82) 478 vn peu (E82) 479 les (E82) 484 Aussi ce que
ces 11 lignes sont supprimées après l’examen des Essais au Sacro Palazzo (AL)
plusieurs disent de luy, qu’estant blessé a
mort d’vn coup de traict, il s’escria, Tu as
vaincu, ou comme disent les autres, Con-
tente toy Nazarien, n’est nonplus vray-
semblable. Car ceux qui estoint presens
a sa mort, & qui nous en recitent toutes
les particulieres circonstances, les conte-
nances mesmes & les parolles n’en disent
rien: non plus que de ie ne sçay quelz mi-
racles que d’autres y meslent. (E82) 487 a au (E82) 496 a (E82) 501 vn’ un (E82) 502 effectuelemēt effectuellement (E82) 508 se (E82) 512 saison raison (E82) saison (E88) 513 deslogement, & qu’il eut besoin d’asseu-
rance deslogement. D’asseurance (LAL) deslogement d’asseurance (Yale) deslogement, & qu’il eut besoin. D’asseurance (E82) 516 n’ (E82) 518 par le poin par le point (E82) par la main (E88) 525 Licurgus Licurge (Yale) Licurgus (LAL) 525 farce farce (Yale) force 528 metteroit reieteroit (LAL) reietteroit (E82) 530 te semble il iuges tu (E82) 534 a celluy audit seigneur (LAL) audict seigneur (E82) 542 puis auoir puis penser avoir (LAL) puis auoir panser (E82) 544 a (E82) 548 , s’il faut en croire Suetone, car les statues qui se voïent en luy a Rome ne le rapportent pas bien par tout a ceste peinture (E82) 551 ce qui auint cela aduint (E82) 552 , a ce que dit le Prouerbe: mais chez moy Venus est bien plus allegre accompaignée de la sobrieté (E82) 560 , (E82) 571 cétte ceste (E82) 579 comment Commant (E82) 579 guetoient gardoient (E82) 581 belle (E82) 582 gens persones (LAL) personnes (E82) 582 la memoire & (LAL) 583 apaisant appaisant (LAL) 583 il (E82) 585 (car il auoit
lors enuiron cent quatorze ans) (E82) 586 ou elle fut
emportée comm’on fit (LAL) comme on feist (E82) 586 toutes incisions ces (LAL) 586 mais il qui (LAL) qui (E82) 586 ses ses (LAL) 586 ilz ne soient venus elles ne soient venues (LAL) 588 Methamor-
phose Metamorphose (E82) 590 de laquelle la commodité la plus grande,
c’est la nōchalance de sa durée, & vn plus
courageux & desdaigneus visage de la vie, (de laquelle la commodité la plus grande,
c’est la nonchalance de sa durée, & vn plus
courageux & desdaigneus usage de la vie,) (LAL) 594 que l’on que on (E82) 598 de sa debonnai-
reté d’vne excessiue bonté (E82) 599 pensa a pensé (E82) 614 (ce me semble) (E82) 617 ce me
semble, (Yale) 620 apresté ápreté (E95) 620 découuer-
te descouuertesdescouuerts (E82) 625 Quant a moy De moy (E82) 628 (car d’en voir plu-
sieurs bien d’accord il est mal aisé. ilz hais-
sent l’vni-son de la musique) (E82) 628 Il n’y a pas beaucoup Il y a peu (E82) 629 des-
quelz ils disent, qu’il y en a aucuns, & (E82) 629 ailleurs (E82) 630 a (E82) 632 Som
me ilz n’ont nul discours, qui ne soit capa-
blé de telles oppositions. Quant au iuge-
ment de l’operation des drogues, il est au-
tant ou plus incertain. I’ay esté deux fois
boyre des eaus chaudes de noz montaig-
nes: & m’y suis rangé, par ce que c’est vne
potion naturelle, simple, & non mixtion-
née, qui au moins n’est point dangereuse si
elle est vaine: & qui de fortune s’est ren-
contrée n’estre aucunement ennemie de
mon goust (il est vray que ie la prens selon
mes regles, non selon celles des mede-
cins) outre ce que le plaisir des visites de
plusieurs parens & amis, que i’ay en che-
min, & des compaignies qui s’y rendēt, &
de la beauté de l’assiete du pais, m’y attire.
Ces eaux la ne fōt nul miracle sans doute,
& tous les effectz estranges qu’on en rap-
porte ie ne les croy pas: car pendant que
i’y ay esté, il s’est semé plusieurs telz bruits
que i’ay découuers faus m’en informant
vn peu curieusement. Mais le monde se
pipe aiséement de ce qu’il desire. Il ne leur
faut pas oster aussi qu’elles n’esueillent
l’appe-
LIVRE SECOND.
629
l’appetit & ne facilitent la digestion, & ne
nous prestent quelque nouuelle alegresse,
si on n’y va du tout abatu de forces. Mais
moy i’e n’y ay esté ny ne suis deliberé d’y
aler que sain & auecques plaisir. Or quant
a ce que ie dis de la difficulté, qui se pre-
sente au iugment de l’operation, en voycy
l’exemple. Ie fus premierement a Aigues-
caudes, de celles la ie n’en sentis nul effet,
nulle purgation apparente: mais ie fus vn
an entier aprez en estre reuenu sans aucun
ressentiment de colique, pour laquelle i’y
estoy allé. Dépuis ie fus a Banieres, celles
cy me firent vuyder force sable, & me tin-
drent le ventre long temps apres fort lá-
che. Mais elles ne me garantirent ma san-
té que deux mois: car apres cela i’ay esté
tresmal traicté de mon mal. Ie demande-
rois sur ce tesmoignage, ausquelles mon
medecin est d’auis que ie me fie le plus,
ayāt ces diuers argumētz & circonstances
pour les vnes & pour les autres. Qu’on ne
crie pas donc plus apres ceux, qui en céte
incertitude se laissent gouuerner a leur
appetit & au simple conseil de nature. Or
RRrr 5
630
ESSAIS DE M. DE MONTA.
ainsi, quand ils nous cōseillent vne chose
plus tost qu’vne autre, quād ils nous ordō-
nent les choses aperitiues, comme sont les
eaus chaudes, ou qu’ils nous les deffendēt:
ils le font d’vne pareille incertitude, & re-
mettent sans doubte a la mercy de la for-
tune l’euenemēt de leur conseil: n’estāt en
leur puissance ny de leur art de se respōdre
de la mesure des corps sableus, qui se cou-
uēt en noz reins: la ou vne biē legiere dif-
ferance de leur grādeur peut produire en
l’effet de nótre santé des cōclusions cōtra-
dictoires. Par cet exéple lon peut iuger de
la forme de leurs discours. Mais pour les
presser plus viuement, il ne fauldroit pas
vn homme si ignorant comme ie suis de
leur art. Il est bon de se beigner aux eaux chaudes, d’autant que cela relache & amollit les
lieux, ou se croupit le sable & la pierre. Mauuais aussi est-il
d’autant que ceste application de chaleur externe aide les reins a cuire, durcir, & petrifier la matiere qui
y est disposée. A ceux qui sont aux beins, il est plus salubre de manger peu le soir: affin que le breuuage
des eaux qu’ils ont a prandre l’endemain matin, face plus d’operation rencontrant l’estomach vuide, & non empetré.
Au rebours, il est meilleur de manger peu au disner, pour ne troubler l’operation de l’eau, qui n’est pas encore parfaite,
& ne charger l’estomac si soudain, apres c’est autre trauail &
pour laisser l’office de digerer a la nuict, qui le sçait mieux faire que ne faict le iour, ou le
corps & l’esprit sont en perpetuel mouuemant & action. Voila commant ils
vont bastelant, & baguenaudant en tous leurs discours. Qu’on ne crie donc plus apres ceux qui en ce trouble se laissent
doucement conduire a leur appetit & au conseil de nature, & se remettent a la fortune commune. I’ay
veu par occasion de mes voïages quasi tous les beins fameus de Chrestienté, & despuis quelques années
ay commencé a m’en seruir. Car i’estime le beigner
salubre, & croix que nous encourons non legeres incommoditez en nostre santé pour auoir
perdu cette coustume qui estoit generalement obseruée au temps passé quasi en
toutes les nations & est encores en plusieurs, de se lauer le corps tous
les iours? & ne puis pas imaginer que nous ne vaillions beaucoup moins de
tenir ainsi noz membres encroutés, & noz pores estoupés de crasse. Et quant a leur boisson, la fortune a faict premieremant
qu’elle ne soit aucunement ennemie de mon goust: Secondemant elle est naturelle & simple, qui aumoins n’est pas dangereuse
si elle est veine. Dequoy ie pran pour respondant céte infinité de peuples de
toutes sortes & complexions qui s’y assemble. Et encores que ie n’y aye aperceu
nul effait extraordinaire & miraculeux: ains que m’en informant vn peu plus curieusement
qu’il ne se faict, i’aye trouué mal fondez,
& faux tous les bruis de telles operations, qui se sement en ces lieux la & qui s’y croient (comme le monde va se pipant
ayséemant de ce qu’il desire). Toutesfois aussi, n’ay-ie veu nul que ces eaux ayent
empiré: & ne leur peut on sans malice refuser cela, qu’elles n’eueillent
l’appetit, facilitent la digestion & nous prestent quelque nouuelle allegresse,
si on n’y va trop abbatu de forces, ce que ie ne conseille a nul de faire. Elles ne sont
pas pour releuer vne poisante ruine:
Elles peuuent appuyer vne inclination
legiere, ou prouuoir a la menace de quelque alteration. Qui n’y apporte assez
d’allegresse, pour pouuoir gouster le plaisir des compagnies qui
s’y trouuent: iouyr des
promenades & exercices, a quoy nous conuie la beauté des lieux, ou sont communemant
assises ces eaux, il perd sans doubte la meilleure piece & plus assurée de leur effaict. A céte
cause i’ay choisi iusques a cest’ heure
a m’arrester & a me seruir, de celes ou il y auoit
plus d’amenité de lieu commodité de logis, de viures & de compagnies,
comme sont en France, les beins de Banieres: en la
frontiere d’Alemaigne, & de Lorraine, ceux de Plombieres:
En Souysse, ceux de Bade: En la Toscane
ceux de Lucques: & notamment ceux della Villa
desquels i’ay vse plus souuant
& a diuerses saisons. Chasque nation a des opinions particulieres,
touchant leur vsage, & des loix & formes de s’en seruir,
toutes diuerses: & selon mon experience l’effect quasi pareil. Le boire
n’est aucunement receu en Allemaigne. Pour toutes maladies ils se beignent & sont a grenouiller dans l’eau,
quasi d’vn soleil a l’autre. En Italie quand
ilz boiuent neuf iours s’en beignent
pour le moins trante: & communemant boiuent l’eau mixtionnée d’autres drogues
pour secourir son operation. On nous ordonne icy de nous promener pour la digerer: La on les arreste au lict, ou ils l’ont
prise, iusques a ce qu’ils l’ayent vuidée, leur eschauffant continuellemant
l’estomac, & les pieds. Comme les Allemans ont de particulier de se faire generalement
tous corneter & vantouser, auec scarification dans le bain: Ainsin ont
les Italiens leur doccie, qui sont certaines gouttieres de ceste eau chaude, qu’ils conduisent
par des cannes, & vont baignant vne heure le matin & autant l’apresdinée,
par l’espace d’vn mois, ou la teste, ou l’estomac, ou autre partie du corps, a laquelle
ils ont affaire. Il y a infinies autres differances de coustumes en chaque contrée: ou pour mieux dire, il n’y a quasi nulle
ressemblance des vnes aux autres. Voila commant ceste partie de medecine, a laquelle
seule ie me suis adonné, quoy qu’elle soit la moins artificielle, si a elle sa bonne part
de la confusion & incertitude, qui se voit par tout ailleurs en cest’art. (E82) 636 cousins comperes (LAL) 639 tant (LAL) 639 pourtāt (E82) 641 I’entans
bien que ce n’est rien faire pour eus, d’autant que l’aigreur & l’estrangeté sont accidans de
l’essance propre de la medecine. Licurgus ordonnoit le vin aux Spartiates malades: Pourquoy ?
par ce qu’ils en haissoient l’vsage sains.
Tout ainsi qu’vn gentilhomme mon voisin s’en sert
pour drogue tressalutere a ses fiebures,
par ce que de sa nature il en hait mortellement le goust. (E82) 647 & de la valeur (E82) 647 pour m’agē
cer & meliorer, non pour me parer & ho-
norer: (E82) 648 en à (LAL) 649 ce se (LAL) ce (E82) 649 : les montaignes ou
elles sont assises ne sonent & ne retentis-
sent rien que Gramont) (E82) 651 a et (LAL) & (E82) 652 iardrinier jardinier (E88) 652 aërée aëré (LAL) : aërée (E82) 653 & exactement (E82)
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Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 (CC BY-NC-SA 4.0). 2013
Mise en ligne : 20/05/2016
Dernière mise à jour : 23/06/2020
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