niveau logique précédentniveau logique suivant



EPITHALAME D’ANTOINE DE
Bourbon, & de Janne de
Navarre.

ODE 1.



Quand mon Prince épousa
JANNE, divine race,
Que le Ciel composa
Au moule d’une Grace:
Douze vierges venues
Ces beaus vers lui ont dit,
En dansant toutes nues
A l’entour de son lit.
O Hymen, Hymenée,
Hymen, ô Hymenée.
Prince plein de bon heur,
L’arrest du Ciel commande,
Qu’on te donne l’honneur
De nostre belle bande:
Telle qu’est une rose
Née au mois le plus dous, Sur



LIVRE IIII. 108
Sur toute fleur declose,
Elle est telle entre nous.
O Hymen, Hymenée,
Hymen, ô Hymenée.
Et toi Princesse aussi,
Parfaite est ton attente,
Jointe à ce Prince ici,
Qui nostre age contente:
Comme l’aneau decore
Le diamant de chois,
Ainsi sa gloire honore
Les Princes, & les Rois.
O Hymen, Hymenée,
Hymen, ô Hymenée.
Il n’eust pas mieus trouvé
Que toi, vierge excellente,
Voire eust il éprouvé
La course d’Atalante:
Ne ta jeunesse heureuse
Ne voudroit pas changer,
A la Greque amoureuse,
Qui suivit l’étranger.
O Hymen, Hymenée,
Hymen, ô Hymenée.
Le Ciel fera beaucoup
Pour pere, & mere ensemble, o iiij



[108v] ODES
Si tu fais naistre un coup
Un fils qui te resemble,
Ou l’honneur de ta face
Soit peint, & de tes yeus,
Et ta celeste grace,
Divin present des Dieus.
O Hymen, Hymenée,
Hymen, ô Hymenée.
Cessez flambeaus la haut
Vos clartés coutumieres,
Ce Soir, mais ce Jour, vaut
Cinq cents de vos lumieres,
Car les Amours qui dardent
Ici leur feu qui luit
Plus que les Astres ardent
L’espesseur de la Nuit.
O Hymen, Hymenée,
Hymen, ô Hymenée.
Maint Soir jadis fut bien
Du lit des Dieus coupable,
Mais nul d’un si grand bien
Ne fut onques capable.
Et si tu peus bien croire,
Heureus Soir, desormais,
Que tu seras la gloire
Des Soirs pour tout jamais. O Hymen



LIVRE IIII. 109
O Hymen, Hymenée,
Hymen, ô Hymenée.
Nimphes, de vos couleurs
Ornez leur couche sainte,
Et des plus riches fleurs,
Dont la terre soit painte:
Que menu l’on i gette
Cét excellent butin,
Que le marchant achette
Bien loing sous le Matin.
O Hymen, Hymenée,
Hymen, ô Hymenée.
Et vous divin troupeau,
Qui les eaus de Pégase
Tenés, & le coupeau
Du chevelu Parnase,
Venez gentile race,
Offrir vos lauriers vers,
Et prenant nostre place,
Chantez vos meilleurs vers.
O Hymen, Hymenée,
Hymen, ô Hymenée.
Car l’ardeur qui nous tient,
Nous guide par les pleines,
Que le Loir entretient
De verdeur tousjours pleines:



[109v] ODES
La nous ne verrons prée
Sans leur faire un autel,
N’eau, qui ne soit sacrée
A leur nom immortel.
O Hymen, Hymenée,
Hymen, ô Hymenée.
Ce pendant consommez
Vos nopces ordonnées,
Et des feus allumés
De vos amours bien nées:
La chaste Cyprienne
Aiant son Ceste ceint,
Avec ses Graces vienne
Compaigne à l’euvre saint.
O Hymen, Hymenée,
Hymen, ô Hymenée.
Affin que le neud blanc
De foi loiale assemble
De Navarre le Sang
Et de Bourbon ensemble,
Plus étroit que ne serre
La vigne les ormeaus,
Ou l’importun l’ierre
Les apuians rameaus.
O Hymen, Hymenée,
Hymen, ô Hymenée. Adieu



LIVRE IIII. 110
Adieu Prince, adieu soir,
Adieu pucelle encore,
Nous te reviendrons voir
Demain avec l’Aurore:
Pour priser ta hautesse
Ne mettre en nonchaloir,
De nostre petitesse
Ce bien humble vouloir.
O Hymen, Hymenée,
Hymen, ô Hymenée.


previousniveau suivant

text encoding initiativePowered by XTF